Cargo, Maria Aparecida Et Autres Nouvelles
Collectifs

De " grands moments de joie inexplicables, dans ces soirées interminables passées sur la passerelle, à regarder les limites du monde s'effacer, dans la transparence d'une fin de journée sur l'Atlantique-Nord " : tels sont les instants magiques qu'il sera toujours impossible au narrateur de " Cargo " de partager avec ceux qui, après de longs mois d'absence, l'accueillent comme l'enfant prodige et l'abreuvent de paroles... Ce décalage et cette impossibilité à communiquer, Maria Aparecida les connaît bien, elle qui règne sur le monde interlope de la Place du Pelourinho, mais elle porte pourtant un lourd secret qui l'oblige à disparaître du jour au lendemain... Sans laisser d'adresse, comme la mère de " Il ne faut pas jouer avec l'absence ", qui abandonne sa famille, laissant derrière elle des êtres " assaillis par l'absence, les yeux figés. Abasourdis, éteints ". Un seul être vient à manquer et tout est dépeuplé... Désordre au sein d'un ensemble harmonieux, voilà ce que raconte aussi, métaphoriquement, " La résorcine ", où un méticuleux jardinier voit son jardin ravagé par une ronce prolifique : l'ordre établi de longue haleine s'effondre, et le jardinier sombre dans la folie... Autre décor, celui de l'Afrique, dans " Un conte pour demain ", où un petit garçon se lie d'amitié avec un clochard qui l'entraîne et lui raconte l'histoire de sa vie en forme de conte : celle d'une absence douloureuse, dont on comprendra qu'elle lie finalement le clochard et l'enfant d'une étrange manière... Contrairement à l'idée reçue, les absents n'ont peut-être pas toujours tort... Ils ont certainement des raisons de ne pas être là. C'est ce que laissent à penser les héros singuliers des nouvelles du Prix du jeune écrivain 2002 qui font tous de l'absence - aux autres, au monde et parfois à eux-mêmes - une expérience nécessaire à la construction d'une identité. Des nouvelles alliant richesse d'imagination et diversité de tons et de formes.