La France Dans Le Monde Au Xviiie Siècle
Jean Bérenger

Les relations internationales sont, après la signature des traités d'Utrecht et de Rastatt beaucoup moins dramatiques qu'au siècle précédent. Il n'y a plus de conflits idéologiques, il n'y a plus que d'âpres conflits d'intérêt provoqués par les successions dynastiques ou les convoitises des " despotes éclairés ". Le seul frein à leurs ambitions parfois démesurées n'est pas l'idéalisme inspiré par la " philosophie des Lumières ", mais le respect de l'ordre établi au début du siècle par la Grande-Bretagne, au nom de " l'équilibre européen ". A partir de 1740, l'Europe est dirigée par une " pentarchie " (France, Grande-Bretagne, Monarchie autrichienne, Prusse et Russie). Mais si le principe de l'équilibre est respecté jusqu'au bout en Europe occidentale, la Russie de Catherine II révèle des appétits qui déstabilisent l'Europe orientale, au détriment de la Pologne et de l'Empire ottoman. Grâce au renversement des alliances de 1756, la France peut se consacrer davantage à sa politique maritime et coloniale. Sa politique étrangère est dominée par la " seconde Guerre de Cent Ans ", interrompue par une période d'entente cordiale (1715-1740). La France possède en effet de gros intérêts en Amérique, aux Antilles et dans l'Océan Indien et si, après 1763, elle doit renoncer aux vastes territoires de l'Amérique et de l'Inde, elle sauve l'essentiel, les " Isles à sucre " et les comptoirs commerciaux. C'est dans une perspective de revanche qu'elle a contribué à la naissance des Etats-Unis. On voit donc que les relations internationales, qui s'étendent désormais aux trois continents, prennent au XVIIIe siècle une dimension mondiale.